Le fardeau
Debits and Credits
Le dernier couplet sert de titre à la nouvelle The gardener, Récit d’une double identité possible d’un soldat tué pendant la première guerre mondiale : fils ou neveu de Helen Terrell, son secret, son fardeau. La nouvelle se termine par un doute sur l’identité de ce « jardinier » qui sait indiquer instantanément une tombe inconnue et l’identité réelle du défunt. Le poème fait référence à Marie-Madeleine ( Marie de Magdala) qui cherche sans le trouver le tombeau de Jésus et le croise sans le reconnaitre, le prenant pour un jardinier :
« Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. ».
Kipling dont le fils porté disparu en 1915 et dont le corps ne sera pas retrouvé, travaille pour la commission des tombes de guerre. Il visite les cimetières militaires de France. Marie Madeleine, Helen Turrell et Kipling cherchent la même chose : le corps d’un être aimé sans pouvoir le trouver.
La Pierre : Le tombeau de Jésus est fermé par une pierre roulée, fardeau que seul l’Ange peut mouvoir.
Le fardeau
Une douleur sur moi s’est posée
Chaque jour de chaque année,
Qu’aucune âme ne peut apaiser,
Qu’aucune âme ne peut entendre :
Qu’aucune fin ne soulage
Sauf de souffrir à nouveau —
Ah, Marie-Madeleine,
Où trouver plus grande peine ?
Rêver de chère disgrâce
À chaque heure de chaque jour —
Ne jamais présenter un visage honnête
À quoi que je fasse ou dise :
Mentir du matin au soir —
Savoir que mes mensonges sont vains —
Ah, Marie-Madeleine,
Où peut être plus grande peine ?
Voir ma peur constante
M'accompagner partout
Chaque jour de chaque année —
Chaque heure de chaque jour :
Brûler et frissonner à la fois—
Trembler et enrager encore —
Ah, Marie-Madeleine,
Où trouver plus grande peine ?
Une tombe m’avait été confiée—
À garder jusqu'au Jour du Jugement —
Mais Dieu a regardé du haut du Ciel
Et a roulé la Pierre ! Un jour, parmi toutes mes années…
Une heure de ce seul jour…
Son Ange vit mes larmes
Et fit rouler la pierre au loin !
The Burden
One grief on me is laid
Each day of every year,
Wherein no soul can aid,
Whereof no soul can hear:
Whereto no end is seen
Except to grieve again—
Ah, Mary Magdalene,
Where is there greater pain?
To dream on dear disgrace
Each hour of every day—
To bring no honest face
To aught I do or say:
To lie from morn till e'en—
To know my lies are vain—
Ah, Mary Magdalene,
Where can be greater pain?
To watch my steadfast fear
Attend mine every way
Each day of every year—
Each hour of every day:
To burn, and chill between—
To quake and rage again—
Ah, Mary Magdalene,
Where shall be greater pain?
One grave to me was given—
To guard till Judgment Day—
But God looked down from Heaven
And rolled the Stone away!
One day of all my years—
One hour of that one day—
His Angel saw my tears
And rolled the Stone away!
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