Brookland Road (1910)
Rewards and fairies
Poème lié à la nouvelle : Marklake Witches dans laquelle on ne trouve pas de sorcières mais le médecin Français Laennec prisonnier des Anglais expérimentant son stéthoscope.
Un autre poème parmi les plus célèbres de Kipling est également associé à cette nouvelle : The Way through the Woods.
Brookland est un village du Kent dans le Romney March, vaste région de marais, tellement particulière qu’elle est surnommée : le cinquième continent.
« Qui me renvoya à l’école » traduction de « that turned me back to school » : ici sans doute dans le sens de : « apprendre l’amour ». Le thème de l’homme ensorcelé (euphémisme pour "séduit") par une fée est classique.
"Les petites lanternes vertes" : feux follets, âmes errantes, mais dans les histoires de Puck c’est un signe de présence des fées.
Kipling utilise un anglais dialectal du Kent, que je n’ai pas essayé de traduire.
"Lueur féérique" : le visage est éclairé par un feu follet
Goodman : selon Kipling, Earl Goodgin des Goodwin Sands, sans doute des sables mouvants ou dangereux.
Fairfield Church : Eglise cernée par les marais et souvent inaccessible en hiver.
Il existe une chanson de Bellamy et des versions plus modernes
Traductions : traduction en vers de J.C Amalric dans le tome 3 de la Pléiade
traduction de J. Vallette Le retour de Puck en 10:18, voir plus bas.
Brookland Road
J'étais très content de ce que je savais,
Je ne me croyais pas sot du tout –
Jusqu'à ce que je rencontre une fille sur Brookland Road,
Qui me renvoya à l'école.
Là-bas, en bas !
Là où brillent les petites lanternes vertes –
Ô Demoiselles, j'en ai fini avec vous toutes sauf une,
Et elle ne sera jamais mienne !
C'était en plein cœur d'une chaude nuit de juin,
Avec le tonnerre qui grondait alentour,
Et je vis son visage à la lueur féerique
Qui jaillissait du sol.
Elle sourit seulement et ne dit rien,
Elle sourit et s'en alla ;
Mais quand elle fut partie, mon cœur était brisé
Et mon esprit complètement égaré.
Ô, cessez de sonner et laissez-moi tranquille –
Laissez-moi tranquille, ô cloches de Brookland !
Vous ferez sortir le vieux Goodman hors de la mer,
Avant que j'épouse une autre !
La ferme du vieux Goodman est un désert de sable marin,
Et ce, depuis mille ans ;
Mais elle deviendra une riche terre à labourer
Avant que je ne change d'amour.
Ô, l'église de Fairfield est cernée par les eaux,
De l'automne au printemps ;
Mais elle deviendra une haute colline
Avant que les cloches ne sonnent pour moi.
Ô, laissez-moi marcher sur Brookland Road,
Dans le tonnerre et la pluie chaude –
Ô, laissez-moi regarder où est allée mon amour,
Et peut-être la reverrai-je encore!
Là-bas – tout en bas !
Là où brillent les petites lanternes vertes –
Ô demoiselles, je ‘en ai fini avec vous toutes, sauf une,
Et elle ne sera jamais mienne !
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Version de la collection 10:18, traduction de S et J Vallette,Retour de Puck 1933, la versification n’est pas conservée, le texte se présente comme un poème en prose.
La route de Brookland
J’étais tout plein content de ce que je savais, je ne me croyais point si bête, mais j’ai vu en allant à Brookland une fille qui m’a renvoyé-z-à l’école.
Las et iou !, Las tout doux ! Où brillent les ‘tiotes lanternes vertes — je ne veux plus vous voir sauf une, ô filles, et qui ne peut pas être mienne.
Au milieu d’une chaude nuit de juin c’était, alentour cognait le tonnerre, et j’ai vu sa figure à la lueur magique qui sort et monte de terre.
Elle n’a point parlé mais, sourit, sourit seulement et puis elle est partie ; mais quand elle a part mon coeur s’est brisé, ma raison battait la campagne.
Arrêtez de sonner, donnez-moi le repos, cessez ô cloches de Brookland ! A votre voix, Goodman ressortira de flots avant que j’en épouse une autre !
Les terres de Goodman, c’est du sable de mer à foison, depuis mille années; mais on le changerait en de riches labours plutôt que moi de bien-aimée !
Dans les bas de Fairfield les eaux bloquent l ‘église de l’automne jusqu’au printemps; on la verra perchée du haut de la colline avant mon carillon de noces!
Ah ! Laissez-moi courir la route de Brookland par le tonnerre et la pluie chaude—laissez-moi voir où mon amour s’en est allé, peut-être le rencontrerai-je !
Las et iou !, Las tout doux ! Où brillent les ‘tiotes lanternes vertes — je ne veux plus vous voir sauf une, ô filles, et qui ne peut pas être mienne.
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Brookland Road
I was very well pleased with what I knowed,
I reckoned myself no fool –
Till I met with a maid on the Brookland Road,
That turned me back to school.
Low down-low down!
Where the liddle green lanterns shine –
O maids, I've done with 'ee all but one,
And she can never be mine!
2
'Twas right in the middest of a hot June night,
With thunder duntin' round,
And I see her face by the fairy-light
That beats from off the ground.
3
She only smiled and she never spoke,
She smiled and went away;
But when she'd gone my heart was broke
And my wits was clean astray.
4
O, stop your ringing and let me be –
Let be, O Brookland bells!
You'll ring Old Goodman out of the sea,
Before I wed one else!
5
Old Goodman's Farm is rank sea-sand,
And was this thousand year;
But it shall turn to rich plough-land
Before I change my dear.
6
O, Fairfield Church is water-bound
From autumn to the spring;
But it shall turn to high hill-ground
Before my bells do ring.
7
O, leave me walk on Brookland Road,
In the thunder and warm rain –
O, leave me look where my love goed,
And p'raps I'll see her again!
Low down – low down!
Where the liddle green lanterns shine –
O maids, I've done with 'ee all but one,
And she can never be mine!
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