Garde de Pont dans le Karoo (1901)
The Times>The Five Nations
Cadre historique : guerre anglo-boer. Les Boers attaquent les voies ferrées.
Karoo : plateau semi désertique.
Blood River évoque une victoire boer contre les Zoulous et n’est pas liée au Karoo.
Oudtshoorn : région semi désertique.
« métaux vides » traduction littérale de « empty metals » qui peuvent désigner les rails mais également toutes les structures d’un environnement ferroviaire, il me semble qu’en choisissant « metals» Kipling insiste sur l’apparente inutilité de ce qui est gardé, et toutes les connotations d’éléments métalliques brillants la nuit.
Ce poème a été lu, mis en scène et chanté, voir la page Kipling Society.
Garde de pont dans le Karoo
« …et fournira des hommes pour garder le pont de Bood River »
Ordres de district : Lignes de communication
—Guerre d’Afrique du Sud
Soudain, le désert change,
L’éclat cru s’adoucit et s’accroche,
Jusqu’aux montagnes douloureuses d’Oudtshoorn
Qui se dressent comme les trônes des Rois—
Remparts de carnage et de péril—
Flamboyants, étonnants, rayonnants—
Entre la ceinture de béryl de l’horizon
Et les plaines couleur vin en dessous.
Royal, le spectacle s’achève,
Illuminé par les derniers feux du soleil—
Opale et rose cendré,
Cannelle, ocre et brun.
Le crépuscule engloutit le fourré,
La lumière des étoiles révèle la crête.
Le sifflet retentit à l’avant-poste—
On relève de la garde sur le pont.
(Peu nombreux, oubliés et solitaires,
Là où brillent les métaux vides —
Non, pas des combattants — seulement
Des détachements gardant la voie.)
Nous nous glissons à travers le cadre brisé
De la clôture près de la remise du contremaître ;
Nous descendons dans le canal asséché
Et la voie ferrée vulnérable au-dessus de nous ;
Nous trébuchons sur des restes de rations,
Le bœuf et les boîtes de biscuits ;
Nous prenons nos postes désignés,
Et la nuit sans fin commence.
Nous entendons les bergers hottentots
Alors que les moutons claquent au pas vers la bergerie —
Et le cliquetis des poutres instables
Alors que l'acier se contracte dans le froid —
Des voix de chacals qui appellent
Et, fort dans le silence entre eux,
Un morceau de terre sèche tombant
Des flancs du ravin balafré.
Et le firmament solennel marche,
Et les armées célestes s'élèvent,
Encadrées par les arches de fer,
Ceinturées et barrées par les traverses,
Jusqu'à ce que nous sentions le rail vibrer au loin
Et que nous voyions clairement sa lanterne,
Et que nous nous rassemblions et attendions son arrivée,
Le merveilleux train en direction du nord.
(Peu nombreux, oubliés et solitaires,
Là où brillent les vitres blanches des wagons,
Non, pas des combattants, seulement
Des détachements gardant la voie.)
Vite, avant que le cadeau ne nous échappe !
Sortant des ténèbres, nous tendons la main,
Pour une poignée de journaux vieux d'une semaine,
Et une bouchée de paroles humaines.
Et le ciel monstrueux se réjouit,
Et la terre permet à nouveau,
Rencontres, salutations et voix,
Des femmes parlant avec des hommes.
Alors nous retournons à nos places,
Tandis qu'il roule sur le pont ;
Et les ténèbres recouvrent nos visages,
Et les ténèbres envahissent à nouveau nos âmes.
Plus qu'un peu solitaires
Là où brillent les feux arrière déclinants.
Non, pas des combattants, seulement
Des hommes gardant la voie !
Bridge-Guard in the Karoo
“ …and will supply details to guard the Blood River Bridge”
District Orders: Lines of Communication
—South African War.
1
Sudden the desert changes,
The raw glare softens and clings,
Till the aching Oudtshoorn ranges
Stand up like the thrones of Kings—
2
Ramparts of slaughter and peril—
Blazing, amazing, aglow—
’Twixt the sky-line’s belting beryl
And the wine-dark flats below.
3
Royal the pageant closes,
Lit by the last of the sun—
Opal and ash-of-roses,
Cinnamon, umber, and dun.
4
The twilight swallows the thicket,
The starlight reveals the ridge.
The whistle shrills to the picket—
We are changing guard on the bridge.
5
(Few, forgotten and lonely,
Where the empty metals shine—
No, not combatants—only
Details guarding the line.)
6
We slip through the broken panel
Of fence by the ganger’s shed;
We drop to the waterless channel
And the lean track overhead;
7
We stumble on refuse of rations,
The beef and the biscuit-tins;
We take our appointed stations,
And the endless night begins.
8
We hear the Hottentot herders
As the sheep click past to the fold—
And the click of the restless girders
As the steel contracts in the cold—
9
Voices of jackals calling
And, loud in the hush between,
A morsel of dry earth falling
From the flanks of the scarred ravine.
10
And the solemn firmament marches,
And the hosts of heaven rise
Framed through the iron arches—
Banded and barred by the ties,
11
Till we feel the far track humming,
And we see her headlight plain,
And we gather and wait her coming—
The wonderful north-bound train.
12
(Few, forgotten and lonely,
Where the white car-windows shine—
No, not combatants—only
Details guarding the line.)
13
Quick, ere the gift escape us!
Out of the darkness we reach
For a handful of week-old papers
And a mouthful of human speech.
14
And the monstrous heaven rejoices,
And the earth allows again,
Meetings, greetings, and voices
Of women talking with men.
15
So we return to our places,
As out on the bridge she rolls;
And the darkness covers our faces,
And the darkness re-enters our souls.
16
More than a little lonely
Where the lessening tail-lights shine.
No—not combatants—only
Details guarding the line!
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