A.20.Angutivun Tina

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Angutivun Tina (1895)

The Second Jungle Book.
Poème liminaire de la nouvelle Quiquern qui raconte comment un groupe d’Inuits affamés est sauvé par un garcon et une jeune femme. Suivants des chiens enfuis, il trouvent la mer libre et tuent des phoques qu’ils ramènent au village.
Le titre, supposé être en Inuit, n’a pas de traduction connue, de même que les cris d’encouragements aux chiens.
Le poème a été mis en musique.
Le poème a été traduit par fabulet et d’Humières (voir plus loin), et plus récemment en Pléiade
tome 2, par Philippe Jaudel.


Angutivun Tina

Nos gants sont raides de sang gelé,
Nos fourrures de neige accumulée,
Comme nous revenons avec le phoque— le phoque !
Depuis le bord de la banquise.

Au jana ! Aua ! Oha ! Haq !
Et les chiens de traineau hurlent,
Et les longs fouets claquent, et les hommes reviennent,
Depuis le bord de la banquise !

Nous avons traqué notre phoque jusqu'à son repaire secret,
Nous l'avons entendu gratter en dessous,
Nous avons fait notre marque, et nous avons surveillé à côté,
Au bord de la banquise.

Nous avons levé notre lance quand il est remonté pour respirer,
Nous l'avons enfoncée, comme ça !
Et nous avons joué ainsi, et nous l'avons tué ainsi,
Au bord de la banquise.

Nos gants sont collés par le sang gelé,
Nos yeux par la neige qui tombe ;
Mais nous revenons vers nos femmes,
De retour du bord de la banquise !

Au jana ! Aua ! Oha ! Haq !
Et les attelages de chiens chargés partent,
Et les femmes peuvent entendre leurs hommes revenir,
De retour du bord de la banquise !


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Traduction Fabulet et D’Humières, 1899 :

Nos gants sont raides de sang gelé,
Nos peaux de neige grise,
Le phoque, le phoque on l’a rapporté
Du bord de la banquise !

Au jana ! Aua ! Oha ! Haq !
Les chiens fendent la bise,
Nous rentrons — les longs fouets font ; clic clac
Du bord de la banquise !

Nous avons traqué le phoque jusqu’à
Sa retraite surprise.
Notre œil tint la cloche qu’il marqua
Au bord de la banquise !

Harpon levé ! Le phoque vient au bord
Frappe bas ! Bonne prise !
Ainsi fut-il joué, mis à mort,
Au bord de la banquise !

Nos gants se collent de sang gelé,
Nos cils de neige grise ;
Nous reverrons nos femmes, rentrés
Du bord de la banquise !

Au jana ! Aua ! Haq ! Oha !
Les chiens fendent la bise ;
Les femmes nous ont hélés déjà
Au bord de la banquise.
 
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Angutivun Tina

Our gloves are stiff with the frozen blood,
Our furs with the drifted snow,
As we come in with the seal—the seal!
In from the edge of the floe.

Au jana! Aua! Oha! Haq!
And the yelping dog-teams go,
And the long whips crack, and the men come back,
Back from the edge of the floe!

We tracked our seal to his secret place,
We heard him scratch below,
We made our mark, and we watched beside,
Out on the edge of the floe.

We raised our lance when he rose to breathe,
We drove it downward—so!
And we played him thus, and we killed him thus,
Out on the edge of the floe.

Our gloves are glued with the frozen blood,
Our eyes with the drifting snow;
But we come back to our wives again,
Back from the edge of the floe!

Au jana! Aua! Oha! Haq!
And the loaded dog-teams go,
And the wives can hear their men come back,
Back from the edge of the floe !

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