A.13.Les amours de voyage

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Les amours de voyage (1882)

Poème de jeunesse non publié par Kipling,
Ecrit à 16 ans lors de son voyage de retour en Inde.
Le titre original est en français.

L'engoulevent ( night-jar) oiseau nocturne est souvent associé au mystère, à la nuit, à la transition, au dévoilement, mais aussi à la malchance et la peur (mauvais présages, esprits nocturnes), comme le cauchemar, il aspire le souffle vital de dormeur.

Quand les ponts étaient très silencieux
Et que les lumières le long de la plage
Clignotaient et vacillaient dans les brises nocturnes
Qui soufflaient de la haute mer,
Quand les feux ardents devant nous
Révélaient les travailleurs sur leurs navires,
C'est alors que mon cœur s'est déclaré
Par le canal de mes lèvres.
C'est alors que je t'ai dit tout cela
Sous l'éclipse pâle de la lune,
Tandis que la brise du port soupirait doucement
Dans le gréement des navires.

Des demi-paroles cyniques,
À la lumière du soleil sur la baie,
Aux murmures dans le port
Quel gouffre les séparait.
Depuis le moment où, désinvolte, je t'ai rencontrée
Mi-plaisir, mi-mépris,
Jusqu'au moment où nous avons regardé l'engoulevent
Et où j'ai su que mon amour était né.
J'ai mérité ta dérision,
Tu avais raison de me mépriser.

Mais il se peut que—puisque au début,
Ce n'était pas de l'amour, mais plutôt le dédain,
Puisque nous connaissions le meilleur et le pire
L'un de l'autre en toute sincérité,
Bien avant que notre Amour ne naisse.
Il se peut que pendant un an,
Nous nous chérissions l’un l’autre,
Jusqu'à ce que les souvenirs s'estompent,
Jusqu'à ce que notre idylle marine
Ne soit plus qu'un souvenir brumeux.
Et nous murmurons—était-ce ainsi
Que nous nous aimions il y a si longtemps ?

Car le diable qui était dans ton cœur—a appelé le diable dans le mien
Et les étoiles étaient silencieuses, tandis que les steamers sillonnaient la mer—
Et le son de nos voix était noyé par le bruit de l'eau agitée.
Et nos visages étaient dissimulés à la vue par l'obscurité de la nuit.


Les amours de voyage

When the decks were very silent
And the lights along the beach
Flared and flickered in the nightwinds
Blowing down the open reach—
When the blazing fires before us
Shewed the toilers on their ships,
Then it was my heart found utterance
Thro' the channel of my lips.
Then it was I told you all things
In the pallid moon's eclipse,
While the harbour breeze sighed softly
In the rigging of the ships.

From the cynical half speeches,
In the sunlight on the Bay,
To the whispers in the Harbour
What a gulf between them lay.
From the time I met you lightly
Half in pleasure, half in scorn,
To the time we watched the night-jar
And I knew my love was born.
I have merited derision
You were right to give me scorn.

But it may be—since at first
Love was not, but rather scorn,
Since we knew the best and worst
Of each other truthfully
Long before our Love was born.
It may be that for a year
We shall hold each other dear,
Till remembrance grows less clear,
Till our idyl of the sea
Is a misty memory.
And we murmur—was it so
We two loved so long ago.
For the devil that was in your heart—called out to the devil in mine
And the stars were silent above, as the steamers furrowed the sea—
And the sound of our voices was drowned in the noise of the troubled brine
And our faces were shrouded from sight by the night's obscurity.

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