A.10.Alnaschar and the Oxen

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                                            Alnaschar et les boeufs(1926)

Debits and credits
Suit la nouvelle The Bull that Tought, histoire d'un taureau qui triomphe de l'arène.
Le poème fait référence à l’Afrique du Sud (velt = savane), Lobengula est le dernier roi des Nbelele (Zimbabwe), Kraal) sans préciser si la scène s’y déroule.
Comme dans le poème intitulé simplement
Alnaschar, personnage des 1001 nuits, ce poème met en scène une rêverie de richesse qui ne se réalisera pas, par la faute même du rêveur, comme dans Perrette et le pot au lait de La Fontaine, néanmoins cette conclusion n’apparait pas ici et met l’accent sur le plaisir et la puissance de la rêverie.
Sussex est une race de vache anglaise.
Les yeux de Junon : épithète homérique d’Héra : aux yeux de vache/aux grands yeux.
Traduit dans La Pléiade 4.

Il y a un pâturage dans une vallée où les bois se séparent,
Et un Troupeau repose et rumine en paix ;
Où le faisan règne à midi, et le hibou au crépuscule,
Et où les cris de guerre de notre monde s'éteignent et cessent.
Ici, je me débarrasse du fardeau que chaque jour de la semaine m'apporte
Et, libéré des ombres que je poursuis,
En ces dimanches paisibles et sans courrier, je médite sur des Choses importantes
Comme mon troupeau de Sussex qui paît dans la rosée !

À la barrière près de la rivière où les truites se chamaillent dans les eaux peu profondes,
Je comprends la fierté que Lobengula a ressentie
Quand il ordonna d'ouvrir les barrières du Royal Cattle Kraal,
Et que quinze miles de bœufs ont envahi le veld.
Depuis les murs de Bulawayo, ils sont venus en file ininterrompue
Jusqu'à l'endroit où le Mont du Conseil coupe l’azur
Je n'en ai que vingt-six, mais le principe est le même
Avec mon troupeau de Sussex qui paît dans la rosée !

Au son appétissant de la pâture, là où le trèfle se déchire,
Dos et ventres droits, regardez-les avancer.
Voyez ces garots, devinez ces poitrails, louez ces reins, admirez ces hanches,
Et la queue placée bas pour faire de la chair au-dessus !
Comptez les larges mufles irréprochables, touchez la peau douce et agréable
Et là, où la génisse lève la tête à l'appel,
Remarquez l'abondance juste sous le menton gai et net,
Et ces yeux de Junon, qui dominent tout !

Voici couleur, forme et substance, je vais le mettre à l'épreuve
Et, la saison prochaine, dans mes stalles naîtra
Un véritable taureau de Mithra, parfait de ses sabots d'agate
À ses cornes d'ivoire harmonieuses et aux pointes sombres.
Il s'accouplera avec des vierges solides - les rois chercheront en vain son pareil,
Tandis que je multiplierai son cheptel par mille,
Jusqu'à ce qu'un monde affamé me loue, bâtisseur d'une race noble
Qui produit une tonne standard à deux ans.

Il y a une vallée, sous les chênes, où un homme peut rêver son rêve,
Dans le souffle laiteux du bétail qui repose,
Jusqu'à ce que la lune surplombe les aulnes et que son image rafraichisse le ruisseau,
Et que la brume de la rivière coule argentée autour de ses genoux !
Maintenant, les sentiers s'estompent et disparaissent ; maintenant, les touffes de fougères se dérobent ;
Maintenant, le peuple des haies reprend possession de ses champs ;
Maintenant, le troupeau disparait dans l'obscurité, et je les bénis en partant,
Mon troupeau de Sussex paissant dans la rosée !





Alnaschar and the Oxen

There's a pasture in a valley where the hanging woods divide,
And a Herd lies down and ruminates in peace;
Where the pheasant rules the nooning, and the owl the twilight tide,
And the war-cries of our world die out and cease.
Here I cast aside the burden that each weary week-day brings
And, delivered from the shadows I pursue,
On peaceful, postless, Sabbaths I consider Weighty Things
Such as Sussex Cattle feeding in the dew!

At the gate beside the river where the trouty shallows brawl,
I know the pride that Lobengula felt,
When he bade the bars be lowered of the Royal Cattle Kraal,
And fifteen miles of oxen took the veldt.
From the walls of Bulawayo in unbroken file they came
To where the Mount of Council cuts the blue . . .
I have only six and twenty, but the principle's the same
With my Sussex Cattle feeding in the dew!

To a luscious sound of tearing, where the clovered herbage rips,
Level-backed and level-bellied watch 'em move.
See those shoulders, guess that heart-girth, praise those loins, admire those hips,
And the tail set low for flesh to make above!
Count the broad unblemished muzzles, test the kindly mellow skin
And, where yon heifer lifts her head at call,
Mark the bosom's just abundance 'neath the gay and cleancut chin,
And those eyes of Juno, overlooking all!

Here is colour, form and substance, I will put it to the proof
And, next season, in my lodges shall be born
Some very Bull of Mithras, flawless from his agate hoof
To his even-branching ivory, dusk-tipped horn.
He shall mate with block-square virgins - kings shall seek his like in vain,
While I multiply his stock a thousandfold,
Till an hungry world extol me, builder of a lofty strain
That turns one standard ton at two years old.

There's a valley, under oakwood, where a man may dream his dream,
In the milky breath of cattle laid at ease,
Till the moon o'ertops the alders, and her image chills the stream,
And the river-mist runs silver round their knees!
Now the footpaths fade and vanish; now the ferny clumps deceive;
Now the hedgerow-folk possess their fields anew;
Now the Herd is lost in darkness, and I bless them as I leave,
My Sussex Cattle feeding in the dew!

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