B.35.The Betrothed

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                                      Le Fiancé (1888)

Pioneer sous le titre : The Méditation of William Kirkland > Départmental Ditties and other Verses
L'idée viendrait d'un fait réel rapporté par un journal Neo-zélandais : une jeune femme fait un procès à son fiancé qui refuse le mariage au prétexte qu’il préfère les cigares et qu’elle voulait qu’il arrête de fumer.
On attribue à Kipling un aphorisme qu’en réalité il met dans la bouche du personnage caricatural de ce fiancé plus amoureux de ses cigares que de Margaret :  « Une femme n’est qu’une femme, mais un bon cigare c’est une Fumée ( a Smoke) ». Cette confusion auteur/personnage, paraît inutile, et inutilement caricaturale. On doit trouver dans sa vie et dans son œuvre assez de matière pour dresser un portrait plus exact de.la misogynie de l’homme victorien, colonial, impérialiste et conservateur sans avoir besoin de noircir à partir de ce qui est un portrait charge de ce « Fiancé » néo-zélandais dans un texte qui se veut humoristique.
La traduction de « Smoke » en français tend souvent à expliciter le plaisir sous-entendu (arôme, plaisir), j’ai préféré conserver la fumée choisie parKipling.
C
uba, Havana, Cheroot, Larranaga, Henry Clay, Manila, Java, Borneo, Cabanas : liés au cigare, leur forme, leur origine
Suttee :Suicide rituel des veuves hindoues sur le bûcher de leur mari

Le Fiancé
« Tu dois choisir entre moi et ton cigare. »
— Affaire de rupture de promesse, vers 1885.


Ouvre la vieille boîte à cigares, donne-moi un bon gros Cuba ,
Car les choses tournent mal, et Maggie et moi, on s’est disputés.

On s'est disputés pour des Havanes—on s'est battus pour un bon cheroot,
Et je savais qu'elle était exigeante, et elle dit que je suis une brute.

Ouvre la vieille boîte à cigares—laisse-moi réfléchir un instant ;
Dans le doux voile bleu de la fumée je songe au le visage de Maggie.

Maggie est jolie à regarder—Maggie est une fille aimante,
Mais les plus belles joues se rident, le plus sincère des amours doit s’éteindre.

Il y a de la paix dans un Larranaga, il y a du calme dans un Henry Clay ;
Mais le meilleur cigare au bout d’une heure est fini et jeté —

Jeté pour un autre tout aussi parfait, mûr et brun —
Mais je ne pourrais pas jeter Maggie, de peur des ragots en ville !

Maggie, ma femme à cinquante ans— grise, sévère et vieille —
Sans plus jamais une autre Maggie à acheter, ni avec de l'amour ni de l'or !

Et la lumière des Jours Passés, n’éclaire pas l’ombre des Jours Présents
Et la torche de l'Amour, puante et éventée, comme le mégot d'un cigare éteint —

Le mégot d'un cigare éteint, tu es obligé de le garder dans ta poche —
Sans jamais en allumer un nouveau, avant qu’il ne soit entièrement consumé et noir !

Ouvre la vieille boîte à cigares — laisse-moi réfléchir un instant.
Voici un doux Manille — voilà un sourire d’épouse.

Quelle est la meilleure chose—un esclavage acheté avec une alliance,
ou un harem de beautés brunes, cinquante liées en chapelet ?

Des conseillères rusées et silencieuses—des consolatrices fidèles et éprouvées,
et jamais aucune ne se moque d’une épouse rivale ?

Pensée au petit matin, réconfort au temps des malheurs,
Paix dans le silence du crépuscule, baume avant que mes paupières ne se ferment,

Voilà ce que les cinquante me donneront, sans rien demander en retour,
Avec seulement la passion d’un Suttee —faire leur devoir et brûler.

Voilà ce que les cinquante me donneront. Lorsqu’elles seront épuisées et mortes,
Cinq fois d’autres cinquante me serviront à leur place.

Les sillons de la lointaine Java, les îles de la côte espagnole,
Quand ils apprendront que mon harem est vide, me renverront mes épouses.

Je ne prêterai aucune attention à leurs vêtements, ni à la nourriture qu'elles mangent,
Tant que les mouettes nichent, tant que les averses tombent.

Je les parfumerai de la meilleure vanille, j’humecterai leur peau avec du thé,
et le Maure et le Mormon envieront ceux qui lira l'histoire de mes épouses.

Car Maggie a écrit une lettre pour me donner le choix entre
le petit Amour geignard et le grand dieu Nick o' Teen.

Et je suis serviteur de l'Amour depuis à peine douze mois,
Mais je suis prêtre de Cabanas depuis sept ans ;

Et la tristesse de mes jours de célibataire est éclairé de la lumière joyeuse
Des mégots que j'ai brûlés pour l'Amitié, le Plaisir, le Travail et la Guerre.

Et je tourne mon regard vers l'avenir que Maggie et moi devrons affronter,
Mais la seule lumière sur les marais est le Feu Follet de l'Amour.

Me gardera-t-il en sécurité tout au long de mon voyage ou me laissera-t-il embourbé ?
Puisqu'une bouffée de tabac peut l'obscurcir, dois-je suivre le feu capricieux ?

Ouvrez la vieille boîte à cigares—laissez-moi réfléchir à nouveau—
Vieux amis, et qui est Maggie pour que je vous abandonne ?

Un million de Maggies supplémentaires sont prêtes à porter le joug ;
Et une femme n'est qu'une femme, mais un bon Cigare c’est une Fumée.

Allumez-moi un autre Cuba—je reste fidèle à mes premiers vœux.
Si Maggie ne veut pas de rivale, je n'aurai pas Maggie pour épouse !




The Betrothed

“You must choose between me and your cigar.”
— Breach of Promise Case, circa 1885.

1
Open the old cigar-box, get me a Cuba stout,
For things are running crossways, and Maggie and I are out.
2
We quarrelled about Havanas—we fought o’er a good cheroot,
And I knew she is exacting, and she says I am a brute.
3
Open the old cigar-box—let me consider a space;
In the soft blue veil of the vapour musing on Maggie’s face.
4
Maggie is pretty to look at—Maggie’s a loving lass,
But the prettiest cheeks must wrinkle, the truest of loves must pass.
5
There’s peace in a Larranaga, there’s calm in a Henry Clay;
But the best cigar in an hour is finished and thrown away—
6
Thrown away for another as perfect and ripe and brown—
But I could not throw away Maggie for fear o’ the talk o’ the town!
7
Maggie, my wife at fifty—grey and dour and old—
With never another Maggie to purchase for love or gold!
8
And the light of Days that have Been the dark of the Days that Are,
And Love’s torch stinking and stale, like the butt of a dead cigar—
9
The butt of a dead cigar you are bound to keep in your pocket—
With never a new one to light tho’ it’s charred and black to the socket!
10
Open the old cigar-box—let me consider a while.
Here is a mild Manila—there is a wifely smile.
11
Which is the better portion—bondage bought with a ring,
Or a harem of dusky beauties, fifty tied in a string?
12
Counsellors cunning and silent—comforters true and tried,
And never a one of the fifty to sneer at a rival bride?
13
Thought in the early morning, solace in time of woes,
Peace in the hush of the twilight, balm ere my eyelids close,
14
This will the fifty give me, asking nought in return,
With only a Suttee’s passion—to do their duty and burn.
15
This will the fifty give me. When they are spent and dead,
Five times other fifties shall be my servants instead.
16
The furrows of far-off Java, the isles of the Spanish Main,
When they hear my harem is empty will send me my brides again.
17
I will take no heed to their raiment, nor food for their mouths withal,
So long as the gulls are nesting, so long as the showers fall.
18
I will scent ’em with best vanilla, with tea will I temper their hides,
And the Moor and the Mormon shall envy who read of the tale of my brides.
19
For Maggie has written a letter to give me my choice between
The wee little whimpering Love and the great god Nick o’ Teen.
20
And I have been servant of Love for barely a twelvemonth clear,
But I have been Priest of Cabanas a matter of seven year;
21
And the gloom of my bachelor days is flecked with the cheery light
Of stumps that I burned to Friendship and Pleasure and Work and Fight.
22
And I turn my eyes to the future that Maggie and I must prove,
But the only light on the marshes is the Will-o’-the-Wisp of Love.
23
Will it see me safe through my journey or leave me bogged in the mire?
Since a puff of tobacco can cloud it, shall I follow the fitful fire?
24
Open the old cigar-box—let me consider anew—
Old friends, and who is Maggie that I should abandon you?
25
A million surplus Maggies are willing to bear the yoke;
And a woman is only a woman, but a good Cigar is a Smoke.
26
Light me another Cuba—I hold to my first-sworn vows.
If Maggie will have no rival, I’ll have no Maggie for Spouse!

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