Ballade pour un enterrement (1886)
“Sainte Praxede a toujours été l’église de la paix »
Départmental Ditties and other verses
Le sous-titre vient de : The Bishop orders his Tomb at St Praxed Church for peace » Poème de Robert Browning.
Texte ironique : un anglais ne supporte pas le climat des plaines du Gange, même mort et organise son dernier voyage vers la fraicheur des montagnes. Le poids du cercueil, en teck autour d’une enveloppe en plomb, demande une certaine logistique.
Pseudo Ballade médiévale avec le retour du même vers à la fin de chaque strophe.
Peg : verre de Brandy ou de whisky-soda.
Kalka : sur la route de Simla, Kalka est la fin de la route plate.
Tonga : calèche à deux roues.
Babu : commis, employé au service des Anglais.
Traduction de A.Savine et M.Georges-Michel, Chansons de la Chambrée, 1920, voir plus bas.
Ballade pour un enterrement
Si par hasard je meurs ici, dans la plaine,
Solennellement je vous prie d'emporter
Tout ce qui reste de « Moi »
Dans les montagnes, en souvenir d’autrefois,
Emballez-moi très soigneusement
Dans la glace qui rafraichissait
Les pegs que je buvais quand j'étais sec
Respectez ceci, en souvenir du bon vieux temps.
À la gare, hâtez-vous,
Prenez un billet simple
Pour Umballa—train de marchandises – Je
Ne me soucierai ni du retard ni des cahots.
Je reposerai paisiblement
Malgré le vacarme que font les coolies ;
Ainsi, en toute dignité,
Envoyez-moi là-haut, en souvenir du bon vieux temps.
Ensuite réveillez le Babu endormi,
Réservez un chariot de Kalka « pour quatre ».
Peu de gens, je pense, voudront faire
Des voyages avec moi, désormais
Comme ils le faisaient autrefois.
J'aurai besoin d'un « wagon de queue» –
Ce que je n'avais jamais pris auparavant –
Procurez-m'en un, en souvenir du bon vieux temps.
Après cela— prenez les dispositions.
Aucun hôtel ne m'acceptera,
Et le dos d'un bœuf se briserait
Sous le teck et l’enveloppe de plomb.
Les cordes d’une tonga sont fragiles et fines,
Ou, si je prenais un siège arrière,
Dans un tonga, je pourrais faire pirouette—
Faites de votre mieux, en souvenir du bon vieux temps.
Après cela, votre travail est terminé.
Rappelez-vous qu'un Padre doit
Pleurer le cher disparu,
Jetez les cendres et la poussière.
Ne redescendez pas tout de suite. Je suis sûr que
Vous trouverez une excuse pour « tirer »
Trois jours de "détente”.
Amusez-vous, en souvenir du bon vieux temps.
Je n'ai jamais pu supporter les plaines.
Pensez aux mois brûlants de juin et de mai,
Pensez à ces pluies de septembre,
Chaque année jusqu'au Jour du Jugement !
Je ne reposerais jamais en paix,
Je suerais et resterais éveillé.
Alors, à ma mort, envoyez-moi
Dans les collines, en souvenir d’autrefois !
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Traduction de A.Savine et M.Georges-Michel,Chansons de la chambrée, L'Edition française illustrée, 1920,
Ballade d'enterrement
"L'église de Sainte-Praxède était bien l'église de la Paix"
Si par hasard je venais à mourir là-bas,
Je vous prierai solennellement de porter
Tout ce qui reste de "Moi"
Aux collines, au nom de la vieille, vieille amitié !
Emballez-moi avec grand soin
Dans la glace dont je faisais usage pour rafraîchir
Les cruches que je buvais, quand j'étais à sec.
Faites cela au nom de la vieille amitié
Rendez-vous à la gare du chemin de fer
Prenez-y un seul billet
Pour Umballa, train de marchandise, moi,
Je n'aurai souci ni de retard ni de heurts
Je reposerai dans le contentement,
En dépit des clameurs que poussent les coolies ;
Expediez-moi ainsi en pompe et dignement
Envoyez-moi au nom de la vieille vieille amitié §
Ensuite, éveillez le Babou ensommeillé.
Retenez d'avance une voiture kalka pour quatre.
Bien peu de gens, je crois, tiendront désormais à faire
Des voyages avec moi
Comme ils en avaient jadis l'habitude.
Il me faudra un "entraînement spécial"
Chose qui ne m'est jamais arrivé jusqu'à présent.
Emmenez-moi au nom de la vieille vieille amitié !
Cela fait, organisez tout.
Nul hôtel ne me recevra,
Et le dos d'un taureau se romprait
Sous le poids de la bière de teck et de plomb.
Les cordes d'alfa sont fragiles et minces ;
Si je ppouvais rester en arrière,
Je pourrais filer ma quenouille de cette herbe.
Faites pour le mieux au nom de notre vieille vieille amitié !
Après cela votre tâche sera remplie.
Rappelez-vous qu'u aumônier doit mener le deuil du cher défunt,
Jeter les cendres et la poussièreère.
Ne parlez (sic)pas tout de suite. J'espère que vous
Trouverez une excuse pour "carotter"
Trois jours de bordée sur la tombe.
Payez-vous cette farce au nom de la vieille vielle amitié.
Je n'ai jamais pu souffrir les plaines
Songez aux ardeurs de mai et de juin.
songez à ces pluies de septembre
qui reviendront tous les auns jusqu'au Jugement Dernier.
Je ne pourrai jamais reposer en paix.
Je suerai, je resterai éveillé ;
Expediez-moi par chemins de fer, dès mon décès,
Aux collines, au nom de la vieille vieille amitié !
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A Ballade of Burial
“Saint Praxed’s ever was
the Church for peace”
1
If down here I chance to die,
Solemnly I beg you take
All that is left of “I”
To the Hills for old sake’s sake,
Pack me very thoroughly
In the ice that used to slake
Pegs I drank when I was dry—
This observe for old sake’s sake.
2
To the railway station hie,
There a single ticket take
For Umballa—goods-train—I
Shall not mind delay or shake.
I shall rest contentedly
Spite of clamor coolies make;
Thus in state and dignity
Send me up for old sake’s sake.
3
Next the sleepy Babu wake,
Book a Kalka van “for four.”
Few, I think, will care to make
Journeys with me any more
As they used to do of yore.
I shall need a "special brake"—
Thing I never took before—
Get me one for old sake’s sake.
4
After that—arrangements make.
No hotel will take me in,
And a bullock’s back would break
’Neath the teak and leaden skin.
Tonga ropes are frail and thin,
Or, did I a back-seat take,
In a tonga I might spin,—
Do your best for old sake’s sake.
5
After that — your work is done.
Recollect a Padre must
Mourn the dear departed one—
Throw the ashes and the dust.
Don’t go down at once. I trust
You will find excuse to “snake
Three days’ casual on the bust,”—
Get your fun for old sake’s sake.
6
I could never stand the Plains.
Think of blazing June and May,
Think of those September rains
Yearly till the Judgment Day!
I should never rest in peace,
I should sweat and lie awake.
Rail me then, on my decease,
To the Hills for old sake’s sake!
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