B.14. The Ballad of the Red Earl

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                                          La Ballade du Comte rouge(1890)


Saint James gazette > Inclusive verses.
Le « Duc Rouge » est John Spencer, 5e Comte Spencer (1835-1910). Son surnom vient de sa grosse barbe rousse. Libéral disposé au compromis avec les nationalistes irlandais, adversaire du Kipling impérialiste sur la question de l’autonomie de l’Irlande. Le poème attaque et renvoie à des références historiques et politiques sans lesquelles il est difficile de comprendre. sans se référer au Background du site Kipling Society. Le lecteur non averti peut voir dans ce poème un exemple du Kipling polémiste politique.
Cette ballade comme plusieurs autres s’inspire des poèmes des Borders et utilise des mots et des tournures écossaises.
Nouer un noeud avec sa langue : ici, faire des promesses publiques.
Très Noble Ordre de la Jarretière : le plus élevé des ordres de chevalerie britannique .

La ballade du comte rouge

"Il ne leur appartient pas de critiquer trop minutieusement
les méthodes suivies par les Irlandais, même s'ils
peuvent en déplorer certaines conséquences.
Ces dernières années, l'Irlande a traversé
ce qui équivalait à une révolution…"
COMTE SPENCER


Comte Rouge, prendrez-vous pour guide
Les sottes autruches,
Pour que vous enfouissiez votre tête dans une aubépine irlandaise,
Dans un désert de mots fuyants ?

Vous avez suivi un homme comme un Dieu, Comte Rouge,
Comme le Seigneur du Mal et du Bien ;
Mais le jour s'achève avec le soleil couchant…
Le suivrez-vous dans la nuit ?

Il vous a donné vos propres vieilles paroles, Comte Rouge,
Pour vous nourrir sur le chemin des gaspilleurs ;
Vous lèverez-vous et mangerez-vous la nuit, Comte Rouge,
Vous qui avez tant mangé pendant le jour ?

Vous l’avez suivi vite, vous l’avez suivi loin,
Et où cette errance vous a-t-elle mené ?
Depuis le jour où vous avez loué la parole,
jusqu'au jour où vous devez enjoliver l'acte.

Et comme vous avez donné la main pour le gain,
Vous devez aussi la donner pour la perte ;
Et comme vous êtes arrivés au bord du gouffre,
Vous devez aussi sauter par dessus.

Car certains sont des fripons jusqu’à la moelle, Comte Rouge,
Et d'autres sont des fripons de fait,
Fripons notoires et des fripons élus ;
Mais tous sont des fripons liés par un pacte.

Vous avez lié votre sort au leur, Comte Rouge ;
Prenez garde où vous vous tenez.
Vous avez noué un nœud avec votre langue, Comte Rouge,
que votre votre main ne saurait dénouer.

Vous avez voyagé vite, vous avez voyagé loin,
Tenu par une laisse qui se resserre,
jusqu'à ce que vous découvriez qu'à la fin, vous devez accepter pour amis,
les vivants comme les morts.

Vous avez joué avec la Loi entre vos lèvres,
Et l'avez prononcée délicatement ;
Mais l'essentiel du discours est difficile à transmettre,
Car vous dites : « Laissez libre cours au mal.»

Comte Rouge, vous arborez la Jarretière avec élégance,
Et vous avez obtenu votre rang par la faveur d'un Roi :
Faites-vous de la Rébellion une chose sans importance,
Et de la Trahison une petite chose ?

Et avez-vous pesé vos paroles, Comte Rouge ?
Qui se dresse et parle si haut
Est-il si juste que la culpabilité du sang
Soit lavée au prix d'un soupir ?

Et est-il bon, pour la paix,
De vendre notre Honneur en lambeaux,
Et de marchander à nouveau avec une bande corrompue ?
Comte Rouge, est-ce juste ?

Vous avez suivi vite, vous avez suivi loin,
Sur un chemin sombre et douteux,
Et la route est pénible, pénible, Comte Rouge,
Et le prix reste encore à payer.

Vous paierez ce prix en récoltant la récompense
Du labeur de votre langue et de votre plume –
Dans les louanges des coupables et les remerciements des honteux,
Et l'honneur des fourbes.

Ils auront du mal à voiler leur mépris, Comte Rouge,
Et le pire, à la fin, sera,
Quand vous direz à votre cœur qu'il ne sait pas
Et à vos yeux qu'ils ne voient pas.




The Ballad of the Red Earl
"It is not for them to criticize too minutely
the methods the Irish followed, though they
might deplore some of their results.
During the past few years Ireland had been going
through what was tantamount to a revolution —"
EARL SPENCER


Red Earl, and will ye take for guide
The silly camel-birds,
That ye bury your head in an Irish thorn,
On a desert of drifting words?

Ye have followed a man for a God, Red Earl,
As the Lord o’ Wrong and Right;
But the day is done with the setting sun—
Will ye follow into the night?

He gave you your own old words, Red Earl,
For food on the wastrel way;
Will ye rise and eat in the night, Red Earl,
That fed so full in the day?

Ye have followed fast, ye have followed far,
And where did the wandering lead?
From the day that ye praised the spoken word
To the day ye must gloss the deed.

And as ye have given your hand for gain,
So must ye give in loss;
And as ye ha’ come to the brink of the pit,
So must ye loup across.

For some be rogues in grain, Red Earl,
And some be rogues in fact,
And rogues direct and rogues elect;
But all be rogues in pact.

Ye have cast your lot with these, Red Earl;
Take heed to where ye stand.
Ye have tied a knot with your tongue, Red Earl,
That ye cannot loose with your hand.

Ye have travelled fast, ye have travelled far,
In the grip of a tightening tether,
Till ye find at the end ye must take for friend
The quick and their dead together.

Ye have played with the Law between your lips,
And mouthed it daintilee;
But the gist o’ the speech is ill to teach,
For ye say: “Let wrong go free.”

Red Earl, ye wear the Garter fair,
And gat your place from a King:
Do ye make Rebellion of no account,
And Treason a little thing?

And have ye weighed your words, Red Earl,
That stand and speak so high?
And is it good that the guilt o’ blood,
Be cleared at the cost of a sigh?

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