La Ballade de l’Orient et de l’Occident(1889)
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Intitulé d’abord « Kamal » sous le pseudo de « Yussuf ».
Le poème est célèbre pour son premier vers présenté comme raciste, ce que le reste de la strophe et du poème contredit aussitôt en plaçant dans les qualités humaines et chevaleresques le point de rencontre entre l’Orient et l’Occident. Cela semble assez repésentatif de la pensée de Kipling dans laquelle sa conception de ce que signifie "être un homme" ne dépend pas de la "race" et de la religion mais du caractère et des valeurs personnelles "chevaleresques". Ce poème met une nouvelle fois en scène la figure du " fair/worthy enemy", l'ennemi "digne"qui semble important chez Kipling qui pousse très loin l'équivalence des dignes ennemis, au point de les fusionner, voir le même motif dans The Ballad of Boh Da Thone.
L’action se déroule à la frontière entre l’Inde et l’Afghanistan
Les Guides : Régiment réputé pour son audace et son endurance.
Ressaldar : Officier de cavalerie indien
Cheval dun : couleur de la robe d'un cheval. En français proche de la couleur "isabelle"
Khyber : Nom d’un poignard de la région.
Traduction : Traduit par A.Savine et M. Georges-Michel, Chansons de la chambrée, L'Edition française illustrée, 1920, voir plus bas.
La Ballade de l’Orient et de l'Occident
Oh, l'Orient est l'Orient, et l'Occident est l'Occident, et jamais les deux ne se rencontreront,
Jusqu'à ce que la Terre et le Ciel se tiennent devant le grand trône du jugement de Dieu ;
Mais il n'y a ni Orient ni Occident, ni Frontière, ni Race, ni Naissance,
Quand deux hommes forts se font face, même s'ils viennent des confins de la terre !
Kamal est parti avec vingt hommes pour soulever la Frontière,
Et il a enlevé la jument du colonel, qui est la fierté du colonel.
Il l'a sortie de l'écurie entre l'aube et le jour,
Il a retourné les fers de ses sabots et l'a montée très loin.
Alors se leva et dit le fils du colonel, qui commandait une troupe de Guides :
« N'y a-t-il donc aucun de mes hommes qui puisse dire où se cache Kamal ? »
Alors se leva et dit Mohammed Khan, le fils du Ressaldar, :
« Si vous savez suivre la piste dans la brume matinale, vous savez où se trouvent ses avant-postes.
Au crépuscule, il harcèle les Abazai - à l'aube, il est à Bonair,
Mais il doit passer par le fort Bukloh pour se rendre chez lui.
Alors, si vous galopez vers le fort Bukloh aussi vite qu'un oiseau peut voler,
Avec la faveur de Dieu, vous pourrez le bloquer avant qu'il n'atteigne la Passe de Jagai.
Mais s'il a dépassé la Passe de Jagai, faites rapidement retraite,
Car la longueur et la largeur de cette plaine sinistre sont semées des hommes de Kamal.
Il y a des rochers à gauche, des rochers à droite, et des buissons épineux entre les deux,
Et vous pourriez bien entendre le claquement d’une culasse alors qu'il n'y a personne en vue. »
Le fils du colonel a pris un cheval, et c'était un rude et sauvage cheval dun,
Avec une bouche dure, un cœur d'Enfer et une tête de gibier de potence.
Le fils du colonel a rejoint le fort, ils lui ont demandé de rester pour le repas.
Celui qui chevauche à la poursuite d'un voleur des frontières ne s'attarde pas longtemps à table.
Il quitte le fort Bukloh aussi vite qu'il le peut,
Jusqu'à ce qu'il aperçoive la jument de son père dans la Passe de Jagai,
Jusqu'à ce qu'il aperçoive la jument de son père avec Kamal sur son dos,
Et quand il a pu voir le blanc de son œil, il a fait claquer son Pistolet.
Il a tiré une fois, il a tiré deux fois, mais la balle sifflante est passée à côté..
« Toi, tu tires comme un soldat » dit Kamal. « Montre-moi maintenant si tu sais monter ! »
C'est là-haut, dans la Passe de Jagai, comme vont des tourbillons de poussière.
Le cheval dun s'enfuit comme un cerf dix cors, mais la jument comme une biche stérile
Le cheval dun se plaqua contre le mors et leva lourdement la tête,
Mais la jument rousse jouait avec les barres du mors, comme une jeune fille joue avec un gant.
Il y avait des rochers à gauche et à droite, et des buissons épineux entre les deux,
Et trois fois, il entendit le claquement d’une culasse, bien qu'il ne vit personne.
Ils ont chevauché jusqu’au coucher de la lune, leurs sabots martelant l'aube,
Le dun allait comme un taureau blessé, mais la jument comme un faon qui s’éveille.
Le dun tomba près d'un cours d’eau - en un tas pitoyable il tomba,
Kamal fit faire demi-tour à la jument rousse et secourut le cavalier.
Il lui a fait valser son pistolet – trop peu d’espace pour lutter,
« C'est seulement par ma faveur, dit-il, que vous avez chevauché si longtemps en vie :
Il n'y avait pas un rocher à vingt miles à la ronde, pas un bosquet d'arbres,
Qui ne cachait un homme de ma bande, le fusil armé sur les genoux.
Si j'avais levé ma main qui tenait les rênes, alors que je l'ai gardée basse,
les petits chacals qui s'enfuient si vite auraient festoyé tous en rang.
Si j'avais baissé la tête sur ma poitrine, alors que je l'ai gardée haute,
Le milan qui siffle au-dessus de nous maintenant se serait gavé jusqu'à ne plus pouvoir voler. »
Le fils du colonel répondit avec légèreté : « Fais du bien aux oiseaux et aux bêtes,
Mais compte ceux qui viennent pour les restes avant de faire un festin.
S'il fallait que mille épées viennent emporter mes os.
Il semble que le prix du repas d'un chacal soit plus élevé que ce qu'un voleur pourrait payer.
Ils nourriront leurs chevaux avec les récoltes sur pied, leurs hommes avec le grain engrangé.
Le chaume des étables servira à alimenter leurs feux lorsque tout le bétail aura été abattu.
Mais si tu penses que le prix est juste, tes frères attendent pour souper,
Le chien est apparenté à la progéniture du chacal, hurle, chien, et appelle-les !
Et si tu penses que le prix est élevé, en bœufs, en équipement et en meules,
Rends-moi la jument de mon père, et je me battrai pour retrouver mon chemin ! »
Kamal lui saisit la main et le remit sur pied.
« Qu’on ne parle pas de chiens, dit-il, quand loup et loup-gris se rencontrent.
Que je mange de la terre si tu m'as fait du mal, en actes ou en paroles ;
Quelle mère des lances t'a mis au monde pour que tu plaisantes de la mort à l'aube ? »
Le fils du colonel répondit avec désinvolture : « Je m'en tiens au sang de mon clan :
Prends la jument comme cadeau de mon père – par Dieu, elle a porté un homme! »
La jument rousse courut vers le fils du colonel et se frotta contre sa poitrine ;
« Nous sommes deux hommes forts, dit alors Kamal, mais elle préfère le plus jeune.
Elle partira donc avec la dot du voleur, mes rênes incrustées de turquoise,
Ma selle et mon tapis brodés, et mes deux étriers en argent. »
Le fils du colonel sortit un pistolet et le tint par le canon.
« Tu as pris celui d'un ennemi, dit-il. Vas-tu prendre celui d'un ami ? »
« Un cadeau pour un cadeau, répondit Kamal sans hésiter, un membre pour le risque d'un membre.
Ton père m'a envoyé son fils, je lui enverrai le mien ! »
Sur ces mots, il siffla son fils unique, qui descendit du sommet d'une montagne.
Il foulait la bruyère comme un cerf au printemps, et ressemblait à une lance au repos.
« Voici ton maître, dit Kamal, qui commande une troupe de guides.
Tu chevaucheras à sa gauche, tel un bouclier sur l'épaule.
Jusqu'à ce que la mort ou moi-même rompons ce lien, au camp, à table et au lit,
Ta vie lui appartient - ton destin est de le protéger de ta tête.
Tu dois donc manger la nourriture de la Reine Blanche, et tous ses ennemis sont les tiens,
Et tu dois harceler la terre de ton père pour la paix de la frontière.
Et tu devras former un cavalier endurci et te frayer un chemin vers le pouvoir.
Peut-être qu’ils t'élèveront au rang de Ressaldar lorsque je serai pendu à Peshawar ! »
Ils se sont regardés dans les yeux et n'y ont trouvé aucun défaut.
Ils ont prêté le Serment de Frères-de-Sang sur le pain levé et le sel :
Ils ont prêté Serment de Frère-de-Sang sur le feu et la terre fraîchement retournée,
Sur le manche et la poignée du couteau Khyber, et les Noms Merveilleux de Dieu.
Le fils du colonel chevauche la jument et le fils de Kamal le dun,
Et tous deux sont revenus au fort Bukloh d’où un seul était parti.
Et quand ils se sont approchés de la garde, vingt épées jaillirent au clair.
Il n'y avait pas un seul homme qui n'eût de querelle avec le sang des montagnards.
« Assez ! Assez ! » dit le fils du colonel. « Rangez vos armes !
Hier soir, vous avez frappé un voleur de frontière, ce soir, c'est un homme des Guides ! »
Oh, l'Orient est l'Orient, et l'Occident est l'Occident, et jamais les deux ne se rencontreront,
Jusqu'à ce que la Terre et le Ciel se tiennent devant le grand tribunal de Dieu ;
Mais il n'y a ni Orient ni Occident, ni frontière, ni race, ni naissance,
Quand deux hommes forts se tiennent face à face, même s'ils viennent des extrémités de la terre !
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Traduction de A.Savine et M. Georges-Michel, Chansons de la chambrée, L'Edition française illustrée, 1920.
La Ballade de l'Ouest et de l'Occident
Oh ! l'Orient est l'Orient et l'Occident est l'Occident, et jamais les deux ne se rejoindront,
Jusqu'au jour où Terre et Ciel se présenteront devant le Tribunal du grand jugement de Dieu;
Mais il n'est pas d'Orient, ni d'Occident, ni de frontière, ni de naissance,
Quand deux hommes forts se rencontrent face à face, alors même qu'ils viendraient des confins de la Terre.
Kamal est par le pays avec vingt hommes, pour soulever la région frontalière,
Et il a enlevé la jument du colonel, dont le colonel est si fier.
Il lui a fait franchir la porte de l'écurie entre l'aube et le jour.
Il a retourné les fers de ses pieds, et, la chevauchant, l'a emmenée très loin.
Alors se lève et parle le fils du colonel qui commande un escadron de Guides.
— " N'y a-t-il personne parmi mes hommes qui puisse me dire où Kamal se cache ?"
Alors se lève et parle Mohammed Khan, le fils du Ressaldar :
—" Si vous savez suivre la piste du brouillard matinal, vous savez où sont ses piquets.
A la tombée de la nuit, il harcèle les Abazai ; à l'aube il est dans le Bonair.
Mais il faut passer près du fort Bukloh d'un train aussi rapide que le vol d'un oiseau,
Avec l'aide de Dieu, vous pouvez lui couper la route avant qu'il gagne la crête de Jagai, alors hâtez-vous de tourner bride,
Car cette plaine terrible est semée en long et en large des gens de Kamal :
A gauche c'est le roc, et c'est le roc à droite, et entre les deux des bas fourrés d'épines.
Et vous pourrez entendre le déclic d'un fusil qu'on arme, en un endroit où jamais on ne vit un homme."
Le fils du colonel a pris un cheval, c'est un rude et dur cheval roux,
Avec la bouche d'une cloche, le cœur infernal et la tête comme le portant d'une potence.
Le fils du colonel est arrivé au Fort ; on l'invite à séjourner pour manger.
Qaund on suit à cheval la piste d'un voleur de frontière, on ne s'attarde pas longtemps à table.
Il se lève et s'éloigne de fort Bukloh, aussi vite qu'il peut voler,
Si bien qu'il aperçoit la jument de son père, avec Kamal sur le dos.
Et quand il put apercevoir le blanc de ses yeux, il arma son pistolet.
Il fit feu une fois, il fit feu deux fois, mais la balle sifflante manqua le but de bien loin.
— " Vous tirez comme un soldat, dit Kamal ; montrez maintenant si vous êtes un bon cavalier;"
Et les voilà à gravir la crête de Jagai, comme si les diables les emportaient.
Le Roux volait comme un cerf dix-cors, mais la jument allait comme une biche bréhaigne*.
Le roux tirait sur le mors ; il hochait forment la tête
Mais la jument rouge jouait avec les brides comme une jeune fille avec un gant.
A droite c'était le roc, et c'était le roc à gauche et entre les deux de bas fourrés d'épines.
Et trois fois il entendit le bruit sec d'une arme, bien que pas un homme ne fût visible.
Ils ont galopé tant que la lune va descendre et disparaître ; les sabots tambourinent, appelant l'aube.
Le roux allait comme un taureau blessé, mais la jument comme un faon qu'on vient de lever.
Le roux s'abattît près d'un lit de ruisseau, il s'écroula en un tas lamentable.
Et Kamal fit faire demi-tour à la jument et aida le cavalier à se relever.
Il lui fit tomber le pistolet de la main ; ce n'était guère le moment de se débattre.
— " C'était que je l'ai bien voulu, si vous avez chevauché en vie si longtemps, dit-il.
D'ici à vingt milles, il n'y a pas une pierre, pas un bouquet d'arbres,
Qui ne recelât un de mes hommes, le fusil posé tout armé sur son genou.
Si j'avais levé la main qui tient la bride et que je l'ai tenue baissée,
Les petits chacals, qui courent si vite, seraient rangés en cercle, en train de se régaler.
Si j'avais penché la tête sur ma poitrine au lieu de la tenir haute,
Le faucon qui siffle au desus de nous serait gorgé au point de ne plus pouvoir prendre son vol. "
Le fils du colonel répondit d'un ton léger : " Fais plaisir à l'oiseau et à la bête de proie,
Mais songe à ceux qui viendront chercher les restes du repas, avant que tu sois à la table du festin.
Si un millier de sabres viennent bientôt emporter mes os,
Il semble bien que le prix d'un repas de chacal soit plus cher que ne peut payer un voleur.
Ils feront paître leurs chevaux dans la moisson sur pied et nourriront leurs hommes du grain entassé dans les greniers.
Le chaume des étables servira à leurs feux de bivouac, après le massacre du bétail entier.
Mais si tu crois que le prix est équitable, tes frères attendent pour souper.
Le chien est cousin du chacal; hurle, chien et appelle-les.
Et si tu trouves le prix élevé, en bétail, en instrument de labour, en meules de blé,
Rends-moi la jument de mon père, et je m'ouvrirai la route du retour."
Kamal le saisit fortement par la main et le remit sur ses pieds.
— " Qu'on ne parle pas de chiens, dit-il, quand le loup et le loup gris sont face à face.
Que je mange de la boue, si tu m'as offensé en acte ou en propos !
Quelle dame des lances t'a incité à jouer la mort, à ton aurore ?"
Le fils du colonel répondit d'un ton léger : —" Je tiens du sang de mon clan.
Garde la jument comme présent de mon père. Par Dieu ! Elle a porté un homme ! "
La jument rouge accourut vers le fils du colonel et frotta ses naseaux contre sa poitrine.
— " Nous sommes tous deux des hommes forts, dit alors Kamal, mais elle aime mieux le plus jeune.
Ainsi s'en ira-t-elle avec la dot donnée par le voleur de chevaux.
Ma bride constellée de turquoises, ma selle brodée, et ma housse, et mes deux étriers d'argent."
Le fils du colonel prit un pistolet, et, le tenant par le canon :
—" Vous avez pris l'un à un ennemi, dit-il, voulez-vous accepter l'autre, le pareil, de la main d'un ami ?
— Cadeau pour cadeau, dit aussitôt Kamal, homme pour homme !
Ton père m'a envoyé son fils. Je peux lui envoyer mon fils."
Et, sur ces mots, il siffla son fils unique, qui dévala d'une cime de montagne.
Il arpentait la bruyère comme un cerf en été, et l'on eût dit une lance plantée en terre.
— " Maintenant voici ton maître, dit Kamal, il commande une troupe de Guides,
Et tu devras chevaucher à sa gauche comme le bouclier est suspendu du côté gauche.
Jusqu'à ce que la Mort ou moi tranchions le lien, au camp, à la table, au lit.
Ta vie est à lui, ton destin est de le garder, au prix de ta tête.
Ainsi tu dois manger les vivres de la Reine Blanche, et tous ces ennemis sont les tiens.
Il te faudra tenir en surveillance le territoire de ton père, pour la sécurité de la ligne frontière.
Il faudra que tu deviennes un solide troupier et que tu te frayes à la force du poignet la route du commandement.
Peut-être bien qu'on fera de toi un Ressaldar quand je serai pendu dans Peshawar.
Ils se sont regardés l'un l'autre entre les yeux et n'y ont rien trouvé de suspect.
Ils ont fait le serment du frère par le sang sur le pain levé et le sel ;
Ils ont fait le serment du frère par le sang sur le feu et la motte de terre fraîchement détachée,
Sur le fourreau et la poignée du couteau de Khyber, et les noms admirables de Dieu.
Le fils du colonel monta la jument et le fils de Kamal le cheval brun.
Et deux hommes revinrent au fort Bukloh, dont un seul était parti.
ET quand ils arrivèrent aux postes avancés, vingt sabres sortirent brillants.
... Il n'y avait pas un homme qui n'eut un compte à régler avec le montagnard.
— " C'est fait, c'est fait, dit le fils du colonel, remettez vos sabres à vos côtés.
La nuit dernière c'est un brigand de la frontière que vous auriez frappé,
Ce soir cet homme fait partie des Guides.
Oh ! l'Orient est l'Orient et l'Occident est l'Occident, et jamais les deux ne se rejoindront,
Jusqu'au jour où Terre et Ciel se présenteront devant le Tribunal du grand jugement de Dieu;
Mais il n'est pas d'Orient, ni d'Occident, ni de frontière, ni de naissance,
Quand deux hommes forts se rencontrent face à face, alors même qu'ils viennent des confins de la Terre.
*Bréhaigne : stérile
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The Ballad of East and West
Oh, East is East, and West is West, and never the twain shall meet,
Till Earth and Sky stand presently at God's great Judgment Seat;
But there is neither East nor West, Border, nor Breed, nor Birth,
When two strong men stand face to face, though they come from the ends of the earth!
Kamal is out with twenty men to raise the Border side,
And he has lifted the Colonel's mare that is the Colonel's pride.
He has lifted her out of the stable-door between the dawn and day
And turned the calkins upon her feet, and ridden her far away.
Then up and spoke the Colonel's son that led a troop of the Guides
"Is there never a man of all my men can say where Kamal hides?"
Then up and spoke Mohammed Khan, the son of the Ressaldar:
"If ye know the track of the morning-mist, ye know where his pickets are.
"At dusk he harries the Abazai–at dawn he is into Bonair,
"But he must go by Fort Bukloh to his own place to fare.
"So if ye gallop to Fort Bukloh as fast as a bird can fly,
"By the favour of God ye may cut him off ere he win to the Tongue of Jagai.
"But if he be past the Tongue of Jagai, right swiftly turn ye then,
"For the length and the breadth of that grisly plain is sown with Kamal's men.
"There is rock to the left, and rock to the right, and low lean thorn between,
"And ye may hear a breech-bolt snick where never a man is seen."
The Colonel's son has taken horse, and a raw rough dun was he,
With the mouth of a bell and the heart of Hell and the head of a gallows-tree.
The Colonel's son to the Fort has won, they bid him stay to eat
Who rides at the tail of a Border thief, he sits not long at his meat.
He's up and away from Fort Bukloh as fast as he can fly,
Till he was aware of his father's mare in the gut of the Tongue of Jagai,
Till he was aware of his father's mare with Kamal upon her back,
And when he could spy the white of her eye, he made the Pistol crack.
He has fired once, he has fired twice, but the whistling ball went wide.
"Ye shoot like a soldier," Kamal said. "Show now if ye can ride!"
It's up and over the Tongue of Jagai, as blown dust-devils go
The dun he fled like a stag of ten, but the mare like a barren doe.
The dun he leaned against the bit and slugged his head above,
But the red mare played with the snaffle-bars, as a maiden plays with a glove.
There was rock to the left and rock to the right, and low lean thorn between,
And thrice he heard a breech-bolt snick tho' never a man was seen.
They have ridden the low moon out of the sky, their hoofs drum up the dawn,
The dun he went like a wounded bull, but the mare like a new-roused fawn.
The dun he fell at a water-course–in a woeful heap fell he,
And Kamal has turned the red mare back, and pulled the rider free.
He has knocked the pistol out of his hand–small room was there to strive,
"'Twas only by favour of mine," quoth he, "ye rode so long alive:
"There was not a rock for twenty mile, there was not a clump of tree,
"But covered a man of my own men with his rifle cocked on his knee.
"If I had raised my bridle-hand, as I have held it low,
"The little jackals that flee so fast were feasting all in a row.
"If I had bowed my head on my breast, as I have held it high,
"The kite that whistles above us now were gorged till she could not fly."
Lightly answered the Colonel's son: "Do good to bird and beast,
"But count who come for the broken meats before thou makest a feast.
"If there should follow a thousand swords to carry my bones away.
"Belike the price of a jackal's meal were more than a thief could pay.
"They will feed their horse on the standing crop, their men on the garnered grain.
"The thatch of the byres will serve their fires when all the cattle are slain.
"But if thou thinkest the price be fair–thy brethren wait to sup,
"The hound is kin to the jackal-spawn–howl, dog, and call them up!
"And if thou thinkest the price be high, in steer and gear and stack,
"Give me my father's mare again, and I'll fight my own way back!"
Kamal has gripped him by the hand and set him upon his feet.
"No talk shall be of dogs," said he, "when wolf and grey wolf meet.
"May I eat dirt if thou hast hurt of me in deed or breath;
"What dam of lances brought thee forth to jest at the dawn with Death?"
Lightly answered the Colonel's son: "I hold by the blood of my clan:
"Take up the mare for my father's gift–by God, she has carried a man!"
The red mare ran to the Colonel's son, and nuzzled against his breast;
"We be two strong men," said Kamal then, "but she loveth the younger best.
"So she shall go with a lifter's dower, my turquoise-studded rein,
"My 'broidered saddle and saddle-cloth, and silver stirrup twain."
The Colonel's son a pistol drew, and held it muzzle-end,
"Ye have taken the one from a foe," said he. "Will ye take the mate from a friend?"
"A gift for a gift," said Kamal straight; "a limb for the risk of a limb.
"Thy father has sent his son to me, I'll send my son to him!"
With that he whistled his only son, that dropped from a mountain-crest
He trod the ling like a buck in spring, and he looked like a lance in rest.
"Now here is thy master," Kamal said, "who leads a troop of the Guides,
"And thou must ride at his left side as shield on shoulder rides.
"Till Death or I cut loose the tie, at camp and board and bed,
"Thy life is his - thy fate it is to guard him with thy head.
"So, thou must eat the White Queen's meat, and all her foes are thine,
"And thou must harry thy father's hold for the peace of the Border-line.
"And thou must make a trooper tough and hack thy way to power
"Belike they will raise thee to Ressaldar when I am hanged in Peshawur!"
They have looked each other between the eyes, and there they found no fault.
They have taken the Oath of the Brother-in-Blood on leavened bread and salt:
They have taken the Oath of the Brother-in-Blood on fire and fresh-cut sod,
On the hilt and the haft of the Khyber knife, and the Wondrous Names of God.
The Colonel's son he rides the mare and Kamal's boy the dun,
And two have come back to Fort Bukloh where there went forth but one.
And when they drew to the Quarter-Guard, full twenty swords flew clear
There was not a man but carried his feud with the blood of the mountaineer.
"Ha' done! ha' done!" said the Colonel's son. "Put up the steel at your sides!
"Last night ye had struck at a Border thief–to-night 'tis a man of the Guides!"
Oh, East is East, and West is West, and never the twain shall meet,
Till Earth and Sky stand presently at God's great Judgment Seat;
But there is neither East nor West, Border, nor Breed, nor Birth,
When two strong men stand face to face though they come from the ends of the earth!
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