—Le tiret cadratin, ou tiret « long » (anglais em-dash) sert en francais à marquer les dialogues, ou les énumérations. Ses autres usages, admis dans notre langue mais en fait peu utilisés, sont fréquents en anglais et souvent employés par Kipling.
Il peut remplacer les autres signes de ponctuation : la virgule, le deux-points, les parenthèses, voire le point de suspension.
Il peut signaler une incise, une pause forte, la mise en relief d’un mot, d’une expression, créer un effet de rupture, de surprise, de chute, de paradoxe.
Il peut également introduire une seconde voix, un commentaire, une amplification, un point de vue au statut narratif pas toujours identifié qui anime la description, l’éclate parfois, la commente, la contredit et laisse entendre quelque chose de l’ordre de ce que Sarraute appellera plus tard la sous-conversation. Son usage permet à Kipling des ellipses, des ruptures qui dynamisent la narration, mais parfois l’obscurcissent.
A noter que Kipling peut utiliser également le tiret court (en-dash, plus long que le trait d’union français) pour sensiblement les mêmes usages.
Cet emploi du tiret cadratin est un élément important du rythme des vers de Kipling et au delà de la vivacité, de la tonalité particulière de son style. J’ai donc respecté la typographie donnée par le texte original de la Kipling Society.
—Les Majuscules Anglaises s’étendent aux adjectifs de nationalité, aux noms des jours, des mois, des points cardinaux. Mais elles sont aussi utilisées dans les titres, les grands évènements, les personnifications, les termes géographiques et j’en passe. J’ai respecté l’usage francais, sauf lorsque l’emploi qu’en fait Kipling m’a paru expressif ou singulier, ce qui reste je le reconnais très subjectif, mais pas si éloigné de l’utilisation de la majuscule en France au XVIIIe, en particulier chez Voltaire, beaucoup plus souple qu’aujourd’hui.
—Les registres de langue et en général toutes les utilisations que fait Kipling des accents régionaux, sociaux, de l’argot des casernes et des ports, des pidgins, des mots ou des tournures anciens, posent d’évidents problèmes de traduction. L’élision par exemple, très employée dans certains poèmes qui font parler des marins et des soldats, le peuple, ne porte pas sur les même mots. J’ai donc choisi de les limiter à ce qu’il faut pour situer un locuteur sans alourdir le texte. De même pour l’argot qui tend parfois au nom de la « couleur locale » à réduire un locuteur à son parler au détriment du sens de ses paroles.
—L’IA. L’aide à la traduction peut être précieuse, mais piégeuse. L’IA sollicitée s’est révélée menteuse, inconstante, bornée, aveuglée, pertinente et impertinente, capable du meilleur comme du pire, obligeant à un doute constant et à recouper toutes ses propositions, mais capable de repérer l’emploi archaïque ou local d’un mot a priori innocent. L’IA est encore un cheval fou dont il faut tenir la bride bien serrée. Il faut en savoir un peu plus qu’elle pour la diriger, ou pressentir qu’il manque « quelque chose ». Il ne s’agit pas d’une traduction professionnelle, je l’ai dit, mais d’un essai de traduction personnelle dans laquelle l’IA m’a aidé à pallier à mes lacunes linguistiques et culturelles. Mais je confirme ce que disent les traducteurs professionnels : reprendre une traduction de l’IA prend plus de temps que de construire la sienne puis de l’améliorer. N’étant pas pressé par le temps, c’est cette méthode que j’ai majoritairement utilisée.
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