La ballade de la plaisanterie du roi(1890)
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D’abord publié sous le pseudonyme de Yussuf.
Lié à d’autres œuvres : le poème : The Ballad of the King’s Mercy, à Kim où apparait le personnage de Mahbud Ali, marchand de chevaux et espion, et à The Man who would be King. Les vers 50-53 ouvrent le chapitre XVI de The Naulakha voir plus bas.
Traduction : Traduit par A.Savine et M. Georges-Michel, Chansons de la chambrée, L'Edition Française illustrée, 1920.
Kafilas: Caravanes marchandes.
Khyber Pass : Col entre l’Afghanistan et l’Inde Britannique.
Furlong = 200 mètres.
Manteau gris: soldat Russe.
Helmund : rivière en Afghanistan.
Durbar : cérémonie ou conseil royal.
Golham Hyder : Général du Roi Abdur Rahman Khan, Emir (Amir) d’Afghanistan 1842-1901)
Sloth (bear) : Ours lippu, aussi appelé Ours paresseux pour sa manière de dormir suspendu. Baloo est un ours lippu et non un ours brun.
La ballade de la plaisanterie du Roi
Quand le printemps colore l'herbe du désert,
Nos kafilas serpentent à travers Khyber Pass.
Les chameaux sont maigres, mais gras les fardeaux,
Les bourses sont légères, mais lourds les ballots,
Alors que le trafic enneigé du Nord descend
Vers la place du marché de la ville de Peshawar.
Dans un crépuscule turquoise, vif et froid,
Une kafila campa au pied de la colline.
Puis la fumée bleue de la cuisine s'éleva,
Et les piquets de tente répondirent au marteau ;
Et les poneys attachés, poilus et sauvages,
Tirèrent sur leurs cordes tandis que la nourriture était distribuée ;
Et les chameaux qui blatèrent à côté du chargement
S'étalèrent sur un furlong le long de la route ;
Et les chats persans, amenés pour être vendus,
Crachèrent sur les chiens depuis les ballots;
Et les montagnards hurlaient pour hâter le repas ;
Et les feux de camp scintillaient près du fort Jumrood ;
Et là, sur les ailes du crépuscule naissant, s'échappait
Une senteur de chameaux, de tapis et de musc,
Un murmure de voix, une odeur de fumée,
Pour nous dire que le marché du Khyber s'éveillait.
Le couvercle de la marmite cliquetait bruyamment,
Les couteaux étaient aiguisés, et— alors je vins
Chez Mahbub Ali, le muletier,
Qui réparait ses brides et comptait son barda,
Bourré des potins d’une demi-année
Mais Mahbub Ali, le muletier dit gentiment :
«Mieux vaut parler quand le ventre est plein. »
Alors nous avons plongé la main jusqu'au poignet
Dans un ragoût de mouton à queue grasse à la cannelle,
Et celui qui n'a jamais goûté à ce plat,
Par Allah ! ne sait pas distinguer le bon du mauvais.
Nous avons nettoyé nos barbes de la graisse de mouton,
Nous nous sommes allongés sur les nattes et étions en paix,
Et la conversation a glissé vers le nord, puis vers le sud,
Au rythme des bouffées s’échappant du narguilé.
Quatre choses sont plus grandes que toutes choses :
Les Femmes et les Chevaux et le Pouvoir et la Guerre.
Nous avons parlé de tout cela, mais surtout de la dernière,
Car je cherchais une information sur un poste russe,
Une promesse évasive, une épée dégainée
Et un manteau gris au gué de Helmund.
Alors Mahbub Ali baissa les yeux
À la manière de quelqu'un qui tisse des mensonges.
Il dit : « Des Russes, qui peut en parler ?
Quand la nuit tombe, tout devient gris.
Mais nous espérons que les ténèbres de la nuit mourront
Dans la lueur matinale d'un ciel rouge sang.
Ami de mon coeur, est-il juste ou sage
De prévenir un Roi de ses ennemis ?
Nous savons ce que le Ciel ou l'Enfer peuvent apporter,
Mais nul ne connaît les pensées du roi.
Ce conseil non sollicité est maudit par Dieu,
Comme l’atteste l'histoire de Wali Dad. »
« Son père était bavard de la bouche et de la plume,
Sa mère était une poule caquetante de Khuttuck ;
Et le poulain hérita des vices de chacun,
Car il portait la malédiction d'une parole sans frein.
Avec cela, la folie—si bien qu'il rechercha
La faveur des rois à la cour de Kaboul ;
Et voyagea, dans l'espoir d’un honneur, loin
Vers les lignes où sont les escadrons de manteaux-gris.
J’y ai séjourné aussi—mais je
N'ai rien vu, rien dit et—je ne suis pas mort !
Il prêtait l’oreille aux rumeurs et attrapait au vol
Ce que « celui-ci sait » et « celui-là dit »,
Des légendes qui couraient de bouche à bouche
Sur l'arrivée des manteaux-gris et le pillage du Sud.
Je les ai entendues moi aussi — elles passent
Avec chaque nouveau printemps et l'herbe d'hiver.
« A toute allure vers le sud, oublié de Dieu,
Wali Dad courut vers la ville,
Jusqu'à Kaboul — en plein Durbar,
Le roi s'entretenait avec son Chef de Guerre.
Il fendit la foule,
Et rapporta ce qu'il avait entendu de l’invasion.
Alors Gholam Hyder, le Chef Rouge, sourit,
Comme une mère pourrait le faire à un enfant bavard ;
Mais ceux qui auraient voulu rire retinrent leur souffle,
Quand le visage du roi s'assombrit comme la mort.
C'est mauvaise chose, en pleine Durbar,
De crier à un souverain que la guerre se prépare !
Lentement, il le mena vers un petit pêcher,
Qui poussait près d'une fissure dans le mur de la ville.
Et il dit au garçon : « Ils loueront ton zèle
Tant que le sang jaillira de l'acier.
Et le Russe est déjà sur nous ?
Grande est ta prudence, attends-les.
Surveille depuis l'arbre. Tu es jeune et fort,
Ta veille ne sera sûrement pas longue.
Le Russe est sur nous, selon tes cris ?
Leur avant-garde arrivera sûrement dans l’heure.
Crie fort pour que mes hommes puissent t'entendre. »
« Ami de mon cœur, est-il convenable ou sage
D'avertir un roi de la présence de ses ennemis ?
Une garde fut postée pour l'empêcher de s'enfuir —
Une vingtaine de baïonnettes encerclaient l'arbre.
Les fleurs de pêcher tombaient en averse de neige,
Quand il tremblait à l'approche de la mort en regardant en bas.
Par la puissance de Dieu, qui Seul est Grand,
Jusqu'au septième jour, il lutta contre son destin.
Puis la folie s'empara de lui, et les hommes déclarèrent
Qu’il se tordait dans les branches comme un singe et un ours,
Et enfin comme un Sloth, avant que son corps ne cède,
Et il s'accrochait comme une chauve-souris dans les fourches, et gémissait,
Et le sommeil défit les cordes de ses mains,
Et il tomba, se transperça sur les pointes et mourut. »
« Cœur de mon cœur, est-il convenable ou sage
D'avertir un roi de ses ennemis ?
Nous savons ce que le ciel ou l'enfer peuvent apporter,
Mais nul ne connaît l'esprit du Roi.
Qui peut dire quand viendra le manteau-gris ?
Quand la nuit tombe, tout est gris.
Deux choses sont plus grandes que tout,
La première est l'Amour, et la seconde la Guerre.
Et puisque nous ne savons pas comment la guerre peut se dérouler,
Cœur de mon cœur, parlons d'Amour ! »
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Traduction d'un passage de ce poème par M.P. Laurent, chapitre XVI de Le Naulakha, 10:18, 1980
Cœur de mon Cœur, est-il séant et sage
De prévenir un Roi de ses ennemis ?
On sait ce qu'apportent le Ciel et l'Enfer,
Mais personne ne sait l'humeur d'un roi.
"La ballade de la farce du Roi"
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Traduit par A.Savine et M. Georges-Michel, Chansons de la chambrée, L'Edition Française illustrée, 1920.
Ballade du badinage du Roi
Quand le printemps brûle l'herbe du désert,
Nos Kafilas se déroulent à travers la passe de Khyber.
Maigres sont les chameaux, mais pleins sont les paniers ;
Légères sont les bourses, mais lourds sont les ballots,
Quand le commerce du Nord, arrêté par la neige, descend
Vers la place du marché de la ville de Peshawar.
Dans un crépuscule de turquoise äpre et cinglant
Une kafila campa au pied de la colline ;
Alors s'éleva la vapeur légère de la cuisine,
Et les piquets des tentes résonnèrent sous la tête du marteau.
Et les petits chevaux attachés à des piquets, les poneys velus et sauvages
Tirèrent sur leurs longe, dès que le fourrage fut entassé devant eux ;
Et les chameaux écumants, à côté de leur charge,
S'étendirent de tout leur long pour goûter quelque repos avant la descente.
Et les chats de Perse, à la fourrure bigarrée et qu'on allait vendre,
Crachèrent à la face des chiens, du fond des balles des chameaux.
Et les gens de la tribu se mirent à brailler pour hâter le repas.
Et les feux du campement scintillèrent auprès du fort Jumrood,
Et sur les ailes du crépuscule qui s'assombrissait se répandit
Une senteur de chameaux, de tapis et de musc.
Un murmure de voix, une odeur de fumée,
Pour nous apprendre que le commerce de Khyber se réveillait.
Le couvercle de la marmite du bouilli chantait haut,
Les couteaux s'aiguisaient; alors je m'approchai de Mahbub Ali le muletier.
Il racommodait ses traits et comptait son bénéfice.
Il était bourré des histoires de toute une moitié d'année.
Mais Mahbub Ali, le bon garçon, dit :
—"On parle mieux quand on a le ventre garni."
Alors on plongea la main jusqu'à la moitié du poignet
Dans un bouillon au cinname de mouton à grossse queu,
Et celui qui n'a jamais gouté ce mets...
Par Allah, ne distingue pas le mauvais du bon !
On se nettoya la barbe de la graisse de mouton,
On s'étendit sur les nattes et on eut le cœur plein de paix,
Et les propos allèrent au Nord, et les propos glissèrent vers le Sud
Avec la fumée qui montait de l'ouverture du Hookah.
Il est quatre choses plus grandes que toutes les autres,
Ce sont les Femmes, et les Chevaux, et la Puissance et la Guerre ;
On parla de toutes mais surtout de la Guerre ;
Car je cherchais un mot venant d'un poste russe
Au sujet d'une promesse incertaine, d'une épée dégainée,
D'une sentinelle en capote grise sur le gué d'Helmund.
Alors Mahbub Ali baissa les yeux,
A la façon d'un homme qui tisse des mensonges,
Et il dit : — Pour les Ruses, qu'en peut-on dire ?
Quand la nuit se fait, tout devient gris.
Mais nous comptons que les ténèbres de la nuit mourront
Dans la rougeur matinale d'un ciel couleur de sang.
Ami de mon cœur, est-il convenable ou sage
De mettre en garde un roi contre ses ennemis?
Nous savons ce que peuvent apporter le Ciel ou l'Enfer,
Mais nul ne connait ce qu'il y a dans l'esprit d'un Roi.
Un conseil qu'on ne demandait point est une malédiction de Dieu.
C'est ce qu'atteste l'histoire de Wali-Dad
Son père avait une intempérance de langue et de plume.
Sa mère était une poule de Khuttuk toujours caquetante,
Et le poulain était dressé parmi les vices de chacun,
Car il subissait la malédiction d'une parole sans retenue.
Avec cela, de la folie, si bien qu'il rechercha
La faveur des Rois de la cour de Kaboul
Et voyagea loin, dans l'espoir d'acquérir de l'honneur,
Jusquà la ligne où se trouvent les escadrons des capotes grises.
Moi aussi j'ai voyagé par là, mais je
N'ai rien vu , je n'ai rien dit, et je ne suis pas mort.
Il prêtait l'oreille à ce que l'on disait , il ramassait hâtivement les dires
De " celui qui sait " de cet " autre qui a dit ",
Légendes qui couraient de bouche en bouche,
A propos d'une capote grise qui venait et d'un saccage dans le Sud.
Cela je l'ai aussi entendu dire ; ces choses passent
Avec chaque printemps nouveau, avec l'herbe d'hiver
mais d'un pied hâtif, oublié de Dieu
Wali-Dad retourna à la ville,
A Kaboul même en plein Durbar,
Le Roi était en conversation avec son chef de guerre.
Il fendit la foule pressée
Et il parla de ce qu'il avait entendu dire.
Alors Gholam Hyder, le chef rouge, sourit,
Comme une mère sourirait du babil d'un enfant.
Mais ceux qui avaient envie de rire retinrent leur souffle,
Quand la figure du Roi devint aussi sombre que la Mort.
C'est chose mauvaise, en plein Durbar,
De crier à un maître que la guerre menace !
Lentement il se dirigea vers un petit pêcher,
Qui avait poussé dans la fente de la murailled e la ville :
Et il dit au jeune homme : " — On louera ton zèle
Tant que le sang jaillira sous l'acier.
Alors le Russe va tomber sur nous maintenant.
Grande est ta prudence ; attends,
Veille du haut de cet arbre. tu es jeune et fort,
Certainement ta veille ne sera pas longue.
Le Russe va tomber sur nous, ainsi que tu l'annonçais à grand bruit ?
Assurement son avant-garde sera ici dans une heure.
Attends et veille. Quand l'ennemi s'approchera,
Crie assez fort pour que mes hommes puisse entendre."
Ami de mon cœur, est-il convenable ou sage
De mettre un Roi en garde contre ses ennemis ?
Un poste fut placé pour qu'il ne pût s'enfuir ;
Une vingtaine de baïonnette entourèrent l'arbre.
Les fleurs du pêcher tombèrent en averse de neige,
Pendant qu'il était agité des secousses de la mort et regardait en bas.
Par la puissance de Dieu qui seul est grand,
Jusqu'au septième jour , il lutta contre son destin .
Après quoi, la folie le prit, et les hommes déclarèrent
Qu'il fauchait les branches comme un singe ou un ours.
Et enfin comme un paresseux, avant que son corps tombât,
Il resta accroché entre deux branches, à la façon d'une chauve-souris, et il gémit
Et le sommeil défit la corde de ses mains.
Il tomba et on le reçut sur les pointes et il mourut.
Cœur de mon cœur, est-il convenable ou sage
De mettre en garde un Roi contre ses ennemis ?
Nous savons ce qui peut venir du Ciel ou de l'Enfer,
Mais nul ne sait ce qu'il y a dans l'esprit d'un Roi.
Pour l'arrivée des capotes grises, qui peut en parler ?
Quand la nuit s'épaissit tout est gris.
il y a deux choses plus grandes que toutes les autres :
La première c'est l'Amour ; la seconde c'est la Guerre,
Et puisque nous ne savons pas comment la guerre peut tourner, parlons d'amour !
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The Ballad of the King’s Jest
1
When spring-time flushes the desert grass,
Our kafilas wind through the Khyber Pass.
Lean are the camels but fat the frails,
Light are the purses but heavy the bales,
As the snowbound trade of the North comes down
To the market-square of Peshawur town.
In a turquoise twilight, crisp and chill,
A kafila camped at the foot of the hill.
Then blue smoke-haze of the cooking rose,
And tent-peg answered to hammer-nose;
And the picketed ponies, shag and wild,
Strained at their ropes as the feed was piled;
And the bubbling camels beside the load
Sprawled for a furlong adown the road;
And the Persian pussy-cats, brought for sale,
Spat at the dogs from the camel-bale;
And the tribesmen bellowed to hasten the food;
And the camp-fires twinkled by Fort Jumrood;
And there fled on the wings of the gathering dusk
A savour of camels and carpets and musk,
A murmur of voices, a reek of smoke,
To tell us the trade of the Khyber woke.
2
The lid of the flesh-pot chattered high,
The knives were whetted and—then came I
To Mahbub Ali the muleteer,
Patching his bridles and counting his gear,
Crammed with the gossip of half a year.
But Mahbub Ali the kindly said,
“Better is speech when the belly is fed.”
So we plunged the hand to the mid-wrist deep
In a cinnamon stew of the fat-tailed sheep,
And he who never hath tasted the food,
By Allah! he knoweth not bad from good.
We cleansed our beards of the mutton-grease,
We lay on the mats and were filled with peace,
And the talk slid north, and the talk slid south,
With the sliding puffs from the hookah-mouth.
3
Four things greater than all things are,—
Women and Horses and Power and War.
We spake of them all, but the last the most,
For I sought a word of a Russian post,
Of a shifty promise, an unsheathed sword
And a gray-coat guard on the Helmund ford.
Then Mahbub Ali lowered his eyes
In the fashion of one who is weaving lies.
Quoth he: “Of the Russians who can say?
“When the night is gathering all is gray.
“But we look that the gloom of the night shall die
“In the morning flush of a blood-red sky.
“Friend of my heart, is it meet or wise
“To warn a King of his enemies?
“We know what Heaven or Hell may bring,
“But no man knoweth the mind of the King.
“That unsought counsel is cursed of God
“Attesteth the story of Wali Dad.
4
“His sire was leaky of tongue and pen,
“His dam was a clucking Khuttuck hen;
“And the colt bred close to the vice of each,
“For he carried the curse of an unstanched speech.
“Therewith madness—so that he sought
“The favour of kings at the Kabul court;
“And travelled, in hope of honour, far
“To the line where the gray-coat squadrons are.
“There have I journeyed too—but I
“Saw naught, said naught, and—did not die!
“He hearked to rumour, and snatched at a breath
“Of ‘this one knoweth’ and ‘that one saith’,—
“Legends that ran from mouth to mouth
“Of a gray-coat coming, and sack of the South.
“These have I also heard—they pass
“With each new spring and the winter grass.
5
“Hot-foot southward, forgotten of God,
“Back to the city ran Wali Dad,
“Even to Kabul—in full durbar
“The King held talk with his Chief in War.
“Into the press of the crowd he broke,
“And what he had heard of the coming spoke.
“Then Gholam Hyder, the Red Chief, smiled,
“As a mother might on a babbling child;
“But those who would laugh restrained their breath,
“When the face of the King showed dark as death.
“Evil it is in full durbar
“To cry to a ruler of gathering war!
“Slowly he led to a peach-tree small,
“That grew by a cleft of the city wall.
“And he said to the boy: ‘They shall praise thy zeal
“So long as the red spurt follows the steel.
“And the Russ is upon us even now?
“Great is thy prudence—await them, thou.
“Watch from the tree. Thou art young and strong,
“Surely thy vigil is not for long.
“The Russ is upon us, thy clamour ran?
“Surely an hour shall bring their van.
“Shout aloud that my men may hear.’
6
“Friend of my heart, is it meet or wise
“To warn a King of his enemies?
“A guard was set that he might not flee—
“A score of bayonets ringed the tree.
“The peach-bloom fell in showers of snow,
“When he shook at his death as he looked below.
“By the power of God, who alone is great,
“Till the seventh day he fought with his fate.
“Then madness took him, and men declare
“He mowed in the branches as ape and bear,
“And last as a sloth, ere his body failed,
“And he hung as a bat in the forks, and wailed,
“And sleep the cord of his hands untied,
“And he fell, and was caught on the points and died.
7
“Heart of my heart, is it meet or wise
“To warn a King of his enemies?
“We know what Heaven or Hell may bring,
“But no man knoweth the mind of the King.
“Of the gray-coat coming who can say?
“When the night is gathering all is gray.
“Two things greater than all things are,
“The first is Love, and the second War.
“And since we know not how War may prove,
“Heart of my heart, let us talk of Love!”
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